L'incendie de Rome en 64 est une réalité historique, et c'est l'écrivain latin Suétone (75 -160) qui , dans sa biographie de l'empereur, l'accuse d'être l'instigateur intéressé de ce fléau : "En effet, sous prétexte qu'il était choqué par la laideur des anciens édifices, par l'étroitesse et par la sinuosité des rues, il incendia Rome". Il le présente alors, ravi du spectacle, chantant face au crépitement monstrueux des flammes : "Néron contemplait cet incendie du haut de la tour de Mécène [sur l'Esquilin ] et charmé, disait-il, "par la beauté des flammes", il chanta la prise d'Ilion [Ilion = Troie - il s'agit ici d'un poème de sa composition] dans son costume de théâtre."
Evidemment c'est de ce texte que se sont servis les scénaristes du film pour imaginer la scène que vous avez pu voir dans l'extrait précédent. Mais la crédibilité de cette version des faits est contestée par les historiens modernes. Il semble que Néron, absent de Rome lorsque l'incendie -probablement accidentel - s'est déclaré, se soit empressé de regagner la capitale une fois informé du sinistre. Il aurait alors organisé les secours, participé à la lutte contre le feu, qui ne fut pas vaincu avant plusieurs jours (six jours et sept nuits, dit Suétone).
Néron était très populaire auprès du peuple, grâce aux cadeaux qu'il faisait distribuer, aux nombreux spectacles qu'il offrait pour le plus grand plaisir de tous. Il n'empêche que le bruit courut de sa responsabilité dans cette effroyable catastrophe dont le peuple fut une des premières victimes. Il est vrai qu'il se montra particulièrement heureux de pouvoir rebâtir les zones détruites suivant de nouveaux plans, répondants mieux à son ambition et à ses caprices !
Aussi, pour couper court à cette vague de mécontentement, ce furent les Chrétiens que l'on accusa. Néron leur fit porter la responsabilité de l'incendie, détournant ainsi la colère du peuple sur ces gens qui n'avaient pas trop bonne réputation à l'époque et que les Romains percevaient comme une nouvelle secte juive. Il devint donc le premier empereur à persécuter les Chrétiens, au cours de cette campagne répressive qui conduisit à l'arrestation et à la mise à mort d'un certain nombre de personnes.
C'est ce que veut montrer la fin du film : le martyre des Chrétiens. Ces spectacles, d'une grande cruauté, ont donc existé dans la Rome impériale, mais ils furent occasionnels, et si des prisonniers pouvaient être ainsi exécutés lors de mises en scène offertes en spectacle, les Chrétiens ne furent que très rarement exposés à de tels supplices.
Un autre détail d'importance : l'arène, les gradins, les lions ... on se croirait au Colisée, le grand amphithéâtre de Rome, également nommé l'amphithéâtre flavien. Impossible pourtant. Sa construction ne fut lancée qu'en 80, soit quinze ans après cet épisode de l'incendie et de la persécution des Chrétiens : Néron était mort depuis plus de douze ans.
Sous Néron ce genre de spectacles avaient lieu dans un amphithéâtre de bois dressé sur le champ de Mars, vaste zone au nord-est du Capitole.
On se croit à Rome, mais on est tout autant à Hollywood, ne l'oubliez pas !
Et donc Lygie et ses amis voient leur sort s'assombrir, ils attendent leur tour dans les cachots qui jouxtent l'arène. (On voit ici l'apôtre Pierre qui les y rejoint)
Et voici Lygie exposée à son tour, sous les regards de la foule, sous les yeux de Marcus Vinicius (Robert Taylor) l'homme qui l'aime et que Néron fait venir à sa tribune, où vous retrouvez la cruelle et jalouse Poppée, sa compagne.
Or, plus de lions désormais. Vous direz peut-être que c'est fort compréhensible, qu'il est bon de varier les plaisirs. Mais il est sûrement plus pertinent de se souvenir de l'histoire de sainte Blandine pour apprécier à sa juste valeur l'apparition du taureau.
Blandine est une jeune esclave romaine, elle sera elle aussi conduite dans l'arène, mais la scène se passe à Lyon, dans l'amphithéâtre des trois Gaules, au pied de la colline de la Croix-Rousse, et en 177, à savoir sous le règne de Marc Aurèle. Si cette Blandine a laissé son nom au palmarès des saints martyrs, c'est que le spectacle fut d'une nature bien différente de ce que la foule attendait : d'abord les lions se tinrent à distance, épargnant la jeune fille ; puis on voulut, nous dit la légende, la mettre à rôtir sur un grill ; cela ne lui fit ni chaud ni froid. Vient alors le taureau auquel on la livra ficelée : elle en réchappa. Il fallut l'achever à coups de glaive.
Sainte Blandine est la patrone des servantes, elle symbolise l'humilité des premiers Chrétiens, en même temps que leur foi vaillante destinée à tenir tête à la brutalité des Romains, puis à triompher du paganisme de l'Empire.
Très souvent elle fut représentée attachée au poteau, face au taureau menaçant. Il n'est pas difficile de reconnaître dans la scène du film ces références iconographiques, et on comprend bien les raisons de ce choix : Lygie elle aussi est une esclave, et en l'assimilant ainsi à Blandine son triomphe prend une autre dimension, beaucoup plus vaste. Le dénouement ne se referme pas sur le destin particulier des personnages de l'histoire, du récit ; il ouvre au contraire sur la perspective du monde chrétien tout entier dont l'avènement - en dépit des obstacles et des souffrances -, la grandeur à venir, sont ainsi clairement annoncés. La présence de l'apôtre Pierre, premier pape et fondateur de l'Eglise chrétienne dit bien sûr la même chose.
Alors Lygie s'en sortira-telle vivante ?
Ne peut-elle compter sur son ami Ursus (l'ours en latin) un esclave à la force herculéenne, prêt à braver tous les dangers pour protéger la vie de la jeune femme ?
dimanche 21 septembre 2008
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2 commentaires:
Pourquoi ne pas voir le film en classe ?
Effectivement, cela peut être une bonne idée pour les dernières heures, à la fin de l'année. Il suffirait de se procurer une version dvd du film !
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